Sécurité sociale : un redressement budgétaire encore repoussé et un climat d’incertitude qui rappelle d’autres blocages !

Franck-Abed


Alors que le budget 2026 devait amorcer un véritable redressement des comptes de la Sécurité sociale, la trajectoire financière semble une nouvelle fois s’éloigner. Les mesures initialement prévues sont pour certaines retirées, d’autres renvoyées à plus tard, et plusieurs arbitrages restent entièrement ouverts. Résultat : le déficit social de 2025 pourrait dépasser celui de cette année, signe que rien n’est réellement stabilisé.

Ce décalage répété illustre la difficulté croissante à rééquilibrer un modèle social sous tension : dépenses de santé en hausse, urgences hospitalières, évolution des retraites, compensation des exonérations… Chacune de ces composantes alourdit mécaniquement les comptes. Et malgré les propositions, aucun cadre clair ne se dégage, faute de consensus politique et de vision stratégique consolidée.
Les échanges tendus entre l’Assemblée et le Sénat prolongent ce flou. L’échec de la commission mixte paritaire renvoie le texte à une nouvelle lecture, rallongeant les délais et renvoyant encore les décisions de fond. On corrige à la marge (et encore), mais l’essentiel reste en suspens.
C’est précisément là que le parallèle avec la situation américaine fait sens.

Ce matin, j’évoquais l’impact économique du blocage budgétaire aux États-Unis : absence de statistiques officielles, retards administratifs, Fed privée de visibilité, ralentissement des secteurs dépendants de l’État. Là-bas comme ici, le point commun est limpide : quand l’appareil institutionnel se grippe, l’économie tousse, s'enrhume et bien plus...
La France ne vit pas un " shutdown ", mais traverse une forme de paralysie politique et budgétaire : difficulté à former un gouvernement, absence de feuille de route budgétaire claire, arbitrages retardés. Les entreprises attendent, les collectivités reportent, les ménages s’interrogent. Et l’incertitude s’installe, avec les effets typiques que l’on connaît en macroéconomie : moins d’investissement, plus de prudence, ralentissement de la croissance potentielle, même si pour le moment le chômage reste stable.
Le report de ce redressement social n’est donc pas un simple contretemps. Il s’inscrit dans une crise plus large de capacité d’action publique, où nos institutions semblent peiner à produire des décisions cohérentes au moment même où les pressions financières (et géopolitiques) s’intensifient.
Dès lors, une question s’impose : si les blocages deviennent récurrents et si l’incertitude devient la norme, ne devons-nous pas collectivement nous interroger sur l’évolution - voire la transformation - de nos institutions pour garantir la stabilité et l’efficacité de l’action publique ?


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