Entretien avec Sylvain Studer



Sylvain Studer m'a proposé un entretien écrit consacré principalement à l'Histoire et à la Politique. 

J'ai répondu à ses questions comme à l'accoutumée : avec franchise et rigueur doctrinale. 

Je vous laisse dès à présent lire son introduction et notre échange qui j'espère vous passionnera. Franck ABED


Sources


" Par cet entretien, nous allons faire un voyage dans le temps. Redécouvrir l’âme et la foi de nos ancêtres. Ressusciter un monde que la Révolution française a enterré.

Pulvérisé. Nous allons partir à la rencontre d’un homme influent, convaincu, parfois extrêmement convaincant, un violent au sens évangélique du terme, qui s’empare du ciel en prêchant et l’Evangile et la restauration du royaume de France. 

Nous allons finalement nous entretenir avec un homme qui n’a pas peur d’être ce qu’il est, puissant parce que cultivé, sensible parce que lettré, percutant parce que passionné. 

Un homme qui joue le rôle de trouble-fête à la perfection en faisant de la République l’homme à abattre et de la monarchie la solution pour que le pays de Jeanne d’Arc retrouve son rayonnement d’antan. 

Un homme qui travaille avec acharnement et qui œuvre sans relâche à la royalisation des esprits." Sylvain Studer, écrivain, son site, son compte Twitter : @sylvain_studer 



Qui êtes-vous en quelques lignes ?


Je suis philosophe, historien et théoricien politique. Concrètement, je recherche quotidiennement la sagesse, j’étudie constamment l’histoire, j’analyse les idées politiques avec une perspective philosophique et historique. 


A ce jour, j’ai publié deux mémoires universitaires et une dizaine d’ouvrages. Le prochain sera édité en décembre 2022 avec pour titre Napoléon. J’écris des articles diffusés via mon blog, différents sites, journaux et revues. Je donne également des conférences en France et à l'étranger dans lesquelles j'évoque mes analyses historiques et politiques. Je décrypte et démystifie les sujets d’actualité.


Pour me définir philosophiquement et politiquement, je dis toujours que je suis catholique romain et monarchiste.


FRANCK ABED

Qu'est-ce que la France ? 


La France est un pays d’origine surnaturelle avec une vocation surnaturelle, celle d’éducatrice et d’évangélisatrice des peuples. Elle naquit le jour de Noël 496 avec le baptême de Clovis et de ses 3000 guerriers. Les Francs, qui laissèrent leur nom à notre pays, sont bel et bien au fondement civilisationnel et politique de celui-ci. La France est donc le pays de Charlemagne, Saint Louis et Louis XIV. 


FRANCK ABED

Je me dois de citer la sainte de la Patrie, Jeanne d’Arc, modèle de foi religieuse et politique qui n’eut de cesse, jusqu’au sacrifice de sa vie, de défendre la légitimité. Bayard et Du Guesclin incarnent parfaitement notre pays et les valeurs chevaleresques qu’ils pratiquèrent dans leur quotidien. La France est également la patrie de la Chrétienté,  des Arts et des Lettres. 


Nous ne comptons plus le nombre de monastères, de cathédrales, d’églises qui recouvrent notre beau territoire. Il existe beaucoup de villes qui portent le nom d’un Saint. Et comment ne pas être émerveillé devant le Mont Saint-Michel, les châteaux de la Loire et celui de Versailles ? Comment ne pas être porté par les textes beaux, puissants, instructifs, de Corneille, Racine, Boileau, Molière, La Fontaine et de tant d’autres ? Et je n’oublie pas la divine musique de Rameau, Lully, Marin Marais et de tant d’autres.


FRANCK ABED

Je convoque également, la peinture, la littérature, la sculpture, etc, domaines dans lesquels nos ancêtres excellèrent à chaque génération. La France est un pays magnifique qui a donné sa pleine mesure avec le catholicisme et le monarchisme. Beaucoup de pays du monde entier envient notre culture et notre patrimoine. La conséquence logique de cet état de fait reste la volonté des étrangers de visiter année après année notre pays qui regorge de trésors. Raison pour laquelle des gouvernements étrangers aiment nous copier et nous imiter, sans que cela rencontre toujours le succès… La prétendue culture de l’effacement ne peut rien contre notre belle histoire. 


Comment expliquez-vous la chute de la monarchie française ? 


Il existe plusieurs facteurs qui expliquent la chute de la monarchie française.


Tout d’abord, l’Église et la Monarchie étaient travaillées de l’intérieur et attaquées de l’extérieur par les Idées Nouvelles depuis plusieurs décennies. N’oublions pas également les réformateurs, cachés ou non, dans l’institution ecclésiale romaine qui avec leur modernisme religieux affaiblissaient le catholicisme. Raison pour laquelle plusieurs prélats et aristocrates garnirent les rangs du camp révolutionnaire. Parfois, ils se montrèrent même plus durs que des révolutionnaires historiques. Ils n’eurent probablement pas conscience de scier la branche sur laquelle ils se trouvaient assis, quand d’autres voulurent donner des gages politiques à leurs nouveaux amis.


FRANCK ABED

De plus, le système monarchique était quelque peu grippé et fatigué. Le prodige louis-quartozien méritait franchement quelques aménagements. Cependant, trop de royalistes contemporains de ces événements funestes entendaient maintenir envers et contre tout bon sens une mécanique politique qui ne répondait plus aux exigences de cette fin de XVIIIème siècle. Je sais pertinemment qu’il convenait de mener des changements, dont certains en profondeur, pour perpétuer la monarchie. Il ne s’agissait en aucun cas de céder à l’inertie ou à l’immobilisme, pas plus que de succomber aux folles idées révolutionnaires promues au nom de cette détestable tabula rasa.


Louis XVI, aidé par ses conseillers, aurait dû conduire les réformes nécessaires au salut de la monarchie. Malheureusement après l’Assemblée des notables (1787-1788), tout s’enchaîna très vite. En effet, le ver se trouvait déjà dans le fruit. Les propagandistes anti-monarchie se livraient à une guerre littéraire, artistique, intellectuelle contre le vieil édifice monarchique depuis déjà trop longtemps. Preuve supplémentaire que Louis XV et Louis XVI ne peuvent être assimilés à des tyrans ou à des dictateurs au sens moderne du terme, car tous ces propagandistes ne se balancèrent pas au bout d’une corde après la publication de leurs nombreux brûlots. En fait, la tyrannie - intellectuelle - se trouvait dans leurs écrits contestataires. Des Encyclopédistes bénéficièrent même de protection en haut lieu… C’est dire la malhonnêteté des uns et la bêtise des autres.


FRANCK ABED


D’une manière générale, quand un ennemi vous attaque violemment, la riposte, comme l’explique parfaitement saint Thomas d’Aquin, doit lui être proportionnée. On ne combat pas le torrent révolutionnaire avec des timides agissements : un terrible incendie ne s’éteint pas avec une éponge. Le malheur de Louis XVI réside, entre autres, dans le fait de s’être retrouvé à la tête d’un système qui prenait l’eau de toutes parts ou presque, le tout en ayant été très mal entouré. Les proches conseillers du Roi, ainsi que les membres de la famille royale, ne surent pas être à la hauteur des événements. Le Roi-Martyr fut mal conseillé et il est notable qu’il commit des erreurs dans ses choix et non-choix. Ainsi, le rappel des anciens Parlements dès 1774 reste une faute politique majeure. Cet acte permit aux agitateurs de se regrouper légalement et de fronder à l’ombre de la monarchie. En ce sens, il fut très mal conseillé par Maurepas qui avait été en son temps disgracié par Louis XV. A l’annonce de cette réforme très mauvaise, Maupeou déclara : « J'avais fait gagner au roi un procès qui durait depuis trois siècles. S'il veut le perdre encore, il est bien le maître. » 


Il est vrai que 1787 et 1788 ne furent pas des bonnes années pour les récoltes. Le royaume subissait une crise économique et sociale conjoncturelle mais non structurelle. Contrairement à une légende tenace, propagée par certains, la misère peut éventuellement susciter des émeutes, mais certainement pas des révolutions. Ces dernières ont des causes profondes. Je les ai rapidement évoquées pour la révolution de 1789. La déflagration révolutionnaire ne frappa point un pays exsangue et fatigué. 


Au contraire, la France des années 1780 se montrait florissante et surtout en plein essor. Les études les plus sérieuses rappellent que la richesse s’était considérablement accrue depuis plusieurs décennies. Cette embellie profita à la majorité des Français. Dans le même temps, alors que le pays se portait très bien, l'État royal connaissait de graves problèmes de liquidités, quel curieux paradoxe : un pays riche mais un gouvernement en quasi banqueroute. Ajoutez à cela, la corruption des esprits par les Encyclopédistes, les libellistes et les penseurs rebelles à l’autorité naturelle, la faillite morale d’une bonne partie de la noblesse, du clergé, et vous comprenez que Louis XVI vivait sous la menace d’un terrible volcan qui éructa violemment ses flammes…


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Au moment de la convocation des Etats-Généraux, le pays était donc en bonne santé même si les rouages de la monarchie montraient des signes de faiblesse. En réalité, le rôle de l’autorité légitime reposait sur deux actions principales : abattre les derniers vestiges de la féodalité et entreprendre une saine réforme financière. Le reste serait advenu naturellement. Rien de bien insurmontable pour un chef d’Etat digne de ce nom dans un contexte politique et social somme toute classique. Mais le feu de la rébellion couvait. Il était attisé par les prophètes de malheur et par le comportement outrancier de certains défenseurs de la monarchie. 


La crise religieuse, philosophique et politique instaurée avec le modernisme des Lumières avait trop contaminé l’âme française en profondeur… Il annihila véritablement les défenses étatiques de la monarchie. Finalement, le sursaut royaliste naquit dans les campagnes fidèles aux principes de toujours. Les habitants de ses provinces furent écœurés par le meurtre du roi, l’anti-catholicisme primaire, fâchés par les promesses non tenues et la circonscription illégitime. La majorité du pays entra en rébellion contre la dictature révolutionnaire.


En 2022, continuons le combat contre la Révolution, la République, la Démocratie, pour retrouver la Monarchie. La parenthèse révolutionnaire et républicaine n’a que trop duré.


Le retour du roi est-il lié au retour de la foi ? 


Le traditionalisme politique français repose sur le catholicisme et le monarchisme. Notre pays est devenu athée voire anti-chrétien, que ce soit par ses institutions ou par l’apostasie quasi généralisée des Français. Le retour des Français à la fois catholique demeure une condition essentielle au redressement de la France mais elle ne constitue pas l’unique voie de salut politique. En effet, nous ne pourrons pas mettre sous le boisseau, pendant encore des lustres, la question institutionnelle. 


Ainsi, le désastre intellectuel de la droite ou plus exactement de la prétendue droite se trouve précisément dans l’abandon voire même dans la négation du traditionalisme politique français. Les responsables et les militants dits de droite sont presque tous démocrates, républicains, souverainistes et patriotes. Ils veulent en réalité, non pas revenir à l'État naturel de la France, mais perpétuer la République en lui redonnant ses lettres de noblesse… Ils considèrent, dans l’ordre de la morale, que le Décalogue et le Sermon sur la Montagne sont inférieurs aux Droits de l’Homme et à la Loi Républicaine. Ils défendent l’idée d’une sujétion du pouvoir spirituel au pouvoir temporel. Personne ne restaure une saine société en établissant de si mauvais principes. 


FRANCK ABED

Dans le même ordre d’idées, des catholiques travaillent à la conversion des Français et c’est tout à leur honneur. Cependant un gouvernement catholique sans l’institution monarchique serait en définitive bancal. En effet, comment se réglerait la question de la succession du chef de l’Etat le moment venu ? Si eux ne proposent pas de réponse satisfaisante, pertinente ou complète, nous monarchistes, nous leur en servons une sur un plateau. Je travaille donc pour que les Français connaissent une double conversion : une religieuse, au catholicisme ; une politique, au monarchisme.


Peut-on être Français si on est de confession protestante, juive, musulmane ? 


Pour être Français, il faut simplement avoir des ascendants français. Il s’agit d’une logique imparable et implacable. Après, des parcours de vies personnelles peuvent expliquer des reniements à la foi catholique ou des conversions à des religions étrangères (judaïsme, islamisme) ou extérieures (luthéranisme, calvinisme).


Toutefois, il existe la possibilité de devenir Français pour services rendus. Par exemple, Giulio Raimondo Mazzarino n’avait pas, à ma connaissance, une seule goutte de sang français. Pourtant aux moments des terribles épreuves des Frondes durant la minorité de Louis XIV, il fut un excellent serviteur de l’État royal. Il comprit mieux les intérêts supérieurs du Royaume que des nobles ou des parlementaires bien français. Il devint par la suite Jules Raymond Mazarin et se révéla comme l’un des plus grands ministres français toutes époques confondues. Nous lui devons beaucoup. Aucun ministre de la Vème République ne lui arrive à la cheville.


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Je rappelle qu’on est d’abord et avant tout français par le sang reçu de nos parents et aïeux. Un étranger, à notre sol, à nos coutumes et à notre religion, peut devenir Français par le sang versé. Chaque année, des Légionnaires méritants reçoivent cet honneur… Mais cela doit rester minoritaire et exceptionnel.


Quel est le héros français qui vous inspire le plus ? 


Il y a de nombreux héros du passé qui m’inspirent. Je les cite de manière non exhaustive : Clovis, Charlemagne, Hugues Capet, Philippe Auguste, Saint Louis, Charles V, Jeanne d’Arc, Louis XIII, Richelieu, Mazarin, Louis XIV et Napoléon. Je peux également évoquer tous les anonymes qui servirent honnêtement leur seigneur ou l'État royal. Ils représentent également des modèles à imiter et à promouvoir. J’apprécie énormément la fidélité politique.


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Les musiciens, les peintres, les architectes, les sculpteurs des époques passées méritent également tout notre respect. Ils travaillèrent littéralement à la promotion du Beau et du Bien. Dans notre époque ou le Beau souffre d’être mis à égalité avec le Laid, il est saint pour son âme et son esprit de visiter des musées ou des monuments historiques pour se rappeler de la grandeur artistique exprimée par nos glorieux ancêtres.


Il me semble également vital de rappeler le rôle des moines, notamment des bénédictins qui défrichèrent et labourèrent toute l’Europe avec leurs petits bras et leur grande foi. Les monastères furent les gardiens et les promoteurs de la Civilisation de la chute de l’Empire Romain jusqu’à nos jours. 


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De même, je ne résiste guère au plaisir de citer les chevaliers des Temps Féodaux partis à la Croisade. Ils représentent parfaitement l’idéal chrétien et chevaleresque que j’admire grandement. De même, comment ne pas être touché, et bien plus, par des Preux Chevaliers qui menèrent la Quête ?


Comment expliquez-vous la discrétion dans l'espace médiatique des prétendants au trône ?


Il existe principalement trois explications satisfaisantes pour comprendre l’absence des Princes dans le débat civilisationnel et politique.


Premièrement, ils savent dans le secret de leur cœur et de leur conscience qu’ils ne sont pas légitimes. Ainsi, ils occupent dans l’esprit public un espace qu’ils ne méritent pas. Toutefois, la place étant bonne et agréable, ils « amusent » la galerie lors de certaines représentations. Ce n’est pas très risqué et en prime, ils peuvent passer d’agréables moments au milieu de leurs courtisans béats d’admiration. Toutefois, se sachant non dignes du rôle que certains leurs prêtent, ils n’agissent pas politiquement de manière concrète car eux savent pertinemment que leurs prétentions sont nulles et non avenues.


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Deuxièmement, ils savent ou pensent objectivement qu’ils sont légitimes. Cependant, ils ne veulent pas prendre de risque pour eux-mêmes et leurs familles. Ils ont peur de mourir, de recevoir des menaces, d’être ostracisés, de ne plus recevoir d’invitations à dîner, etc. Cette attitude, si c’est la véritable explication à leur discrétion, poserait énormément de problèmes. 


Voici ce que j’avais écrit lors d’un précédent entretien : « Si le premier d’entre les royalistes ne montre pas l’exemple, il paraît bien difficile aux royalistes du quotidien d’émerger. Chacun sait que Saint Louis et Louis XIV durent se battre dès leurs primes enfances pour défendre l’héritage qu’ils reçurent en raison de leur naissance. Paradoxalement, ces deux grands rois ne se contentèrent pas de tendre la main ou de dire « je prétends » : ils combattirent par eux-mêmes, ce qui fut tout à leur honneur. » Si le Roi de France ne se montre pas capable de se battre réellement pour son pays, quel mauvais exemple est donné aux royalistes, tandis que les adversaires de la royauté, eux, se repaissent de cette pusillanimité.


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Troisièmement, ils sont conscients de leur légitimité mais ne savent pas comment agir ou pire, ils pensent que leurs actions actuelles suffisent pour recouvrer leur trône. J’avoue que c’est littéralement effrayant de penser ainsi. De fait, je sais que certains pro Louis de Bourbon pensent en toute conscience que la voie prise est la bonne, au mépris des faits. D’autres évoquent un mauvais entourage. Comme déjà dit maintes et maintes fois, il est possible d’excuser un homme de 20 ans mal entouré. Mais quand un homme approchant la cinquantaine ou la soixantaine reste sous l’influence d’un mauvais entourage, la faute n’incombe pas aux proches mais à lui seul.


A la mort de Mazarin, Louis XIV d’heureuse mémoire, prit ses responsabilités : « Je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d'État pour vous dire que, jusqu'à présent, j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai... »


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Chacun sera libre de souscrire ou non à ces trois hypothèses. En revanche, il est certain selon moi que l’attitude ou la stratégie qui consistent à rabâcher des phrases toutes faites ou à énoncer des principes déconnectés de la réalité, sans jamais occuper le terrain militant, ne permettront jamais cette restauration monarchiste tant attendue.


Je termine cette réponse en citant Saint Antoine de Padoue : « Que les paroles se taisent et que les actions parlent. »


Comment réconcilier les orléanistes et les légitimistes ?


Il y a longtemps, en 2007 ou 2008, j’avais posé cette question à Hilaire de Crémiers. Il m’avait répondu, je cite de mémoire : « Ce sont deux familles, deux camps qui se font la guerre depuis trop longtemps pour se réconcilier aujourd’hui ». Je ne sais pas si en 2022 il prononcerait la même sentence à cette question essentielle qui recouvre des vrais sujets de fonds, mais de nos jours, beaucoup pensent que cette réconciliation est impossible.


Il existe des querelles dynastiques et familiales, donc de personnes. Mais n’oublions pas l’opposition doctrinale majeure qui existe entre les légitimistes et les orléanistes. La Monarchie républicaine de Juillet ne peut se prévaloir du titre de monarchie légitime ou traditionnelle. Par la suite les Orléans, indépendamment de leurs relations compliquées avec Maurras et son Action Française, défendirent souvent une république couronnée ou une monarchie de type constitutionnelle. Il n’existe aucune volonté chez eux de rétablir une monarchie de droit divin. 


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Par ailleurs, leurs ancêtres furent souvent un caillou dans la chaussure à talon de nos Rois. Sans remonter très loin, rappelons que Louis-Philippe d’Orléans (1747-1793) a soutenu les Parlements en 1771 et il refusa de siéger au  parlement Maupeou. Il fut donc exilé. Il devint même par la suite grand maître de la première Grande Loge de France. Pour couronner le tout, sans mauvais jeu de mot, il fut régicide : « Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote la mort. » Son fils Louis-Philippe (1773-1850) usurpa la couronne en 1830 par la fourberie et le mensonge. Il combattit vigoureusement la branche aînée et accepta sans mal les idées révolutionnaires. 


FRANCK ABED

Pour espérer une réconciliation, il faudrait que les Orléans, par l’intercession de leur chef de file, reconnaissent une bonne fois pour toutes qu’ils ne sont plus dynastes. Par conséquent, ils abandonneraient enfin leurs rôles de prétendants. A partir de ce moment-là, un des sérieux motifs de division ne serait plus qu’un lointain et mauvais souvenir et nous pourrions espérer des lendemains meilleurs.


Quel message aimeriez-vous faire entendre aux Français ? 


Nous avons reçu la France en héritage. Notre devoir, au nom de nos ascendants et de nos descendants, est de conserver celui-ci pour le transmettre à notre tour. Notre pays est magnifique, il me fait littéralement vibrer, même s’il subit une crise profonde. Nous devons le défendre constamment car il subit de terribles attaques.


Nos ancêtres, dans les moments difficiles, ne baissèrent pas les bras et surtout ils surent prendre leurs courage à deux mains pour agir. L’ennemi veut nous faire croire qu’il est tout puissant. C’est faux ! Il est très puissant. Seul Dieu demeure Tout-Puissant. A nous de rester fidèles à la foi de Nos Pères, tout en combattant avec la vertu de l’Espérance chevillée au corps. Unis et forts dans la foi, l’ennemi ne pourra rien contre nous. 


Je me dois de rappeler des vérités essentielles : prier sans agir revient à vouloir semer sans récolter. Agir sans prier, sans se mettre sous le regard de Dieu, revient à vouloir récolter sans avoir semé. Nos maîtres mots doivent être les suivants : Prier, Réfléchir, Agir. Ils doivent être notre devise trinitaire de chaque instant !


FRANCK ABED

Certaines personnes se disent providentialistes estimant que prier suffit. Ce n’est pas cela être providentialiste. Providentialiste signifie être soumis à la Divine Providence. Mais être soumis à Dieu et son œuvre ne signifie nullement ne pas agir dans le domaine temporel. Je cite Jeanne d’Arc pour étayer mon propos : « En nom Dieu, les gens d'armes batailleront et Dieu donnera la victoire ». 


Si nous n’agissons pas, le nous étant les amoureux de la France, personne ne le fera à notre place. La France doit impérativement redevenir catholique et monarchiste, sinon elle disparaîtra. Le présent se révèle sombre, l’avenir n’est pas encore écrit. A nous de  nous montrer dignes des enjeux civilisationnels et politiques que nous affrontons pour écrire une très belle page de l’histoire de France. 


Dieu et le Roi encore et toujours !



Propos recueillis le 7 octobre 2022



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