Droit de réponse à Conspiracy Watch

Franck-Abed


Je souhaite apporter des précisions essentielles sur le portrait, disons très cubiste, que vous avez esquissé à mon sujet.

Tout d’abord, vous m’associez à la « complosphère ». Je n’ai jamais adhéré à l’idée fantaisiste d’un complot universel qui dirigerait l’Histoire depuis des siècles. Les complots existent, et cela n’a rien d’un secret : l’Antiquité elle-même en offre des exemples frappants, comme l’assassinat de Jules César. De la même manière, on retrouve encore aujourd’hui des stratégies de pouvoir, parfois dissimulées, au sein d’entreprises ou d’institutions, grandes ou petites. Reconnaître cette réalité relève de la lucidité historique et politique, et non d’une vision délirante du monde.


Affirmer que tout relève du complot revient à déformer profondément la réalité, tandis que nier leur existence, à l’inverse, efface une dimension majeure et constante de l’histoire humaine. La véritable clé réside dans une lecture objective : reconnaître les complots là où ils existent, sans céder ni à l’exagération généralisante ni à l’obsession systématique. Cette approche nuancée demeure fidèle aux faits et permet d’éviter, tout à la fois, la naïveté et l’excès.


Je refuse catégoriquement d’être associé à des idées que je n’ai jamais partagées et à des camps idéologiques qui ne reflètent en rien mes convictions. Je suis catholique romain et monarchiste. Le corpus doctrinal dans lequel je m’inscris offre déjà suffisamment de matière pour être critiqué sur le fond, sans recourir à des attaques personnelles ou infondées. Écrire sur quelqu’un exige de le lire et de l’écouter attentivement ; lui prêter des idées qu’il n’a jamais formulées constitue une trahison de la vérité. Cet effort rigoureux me paraît indispensable à quiconque souhaite participer sérieusement au débat public.


L’affirmation selon laquelle j’aurais déclaré être l’auteur d’une thèse de philosophie politique consacrée au Concile Vatican II relève du mensonge. Je n’ai jamais tenu de tels propos. Toute présentation contraire des faits s’assimile à une falsification délibérée et porte atteinte à la vérité.


Un autre point mérite d’être clarifié : l’article laisse entendre que mes entretiens avec certaines personnalités impliqueraient une adhésion idéologique de ma part. Cette suggestion est totalement fausse et dénuée de logique. J’ai mené plus de 400 entretiens, oraux ou écrits. La très grande majorité de mes invités ne partage en rien mes convictions fondamentales : le catholicisme romain et le monarchisme. Par analogie, lorsque Jean-Marie Le Pen était reçu par Anne Sinclair, personne n’en concluait que cette dernière approuvait ses idées, ou inversement. Raisonner par simple association d’invités relève d’une logique fallacieuse et d’une réelle faiblesse méthodologique.


L’adversité intellectuelle, aussi vive soit-elle, ne justifie ni le travestissement de mes propos ni la dénaturation de mes idées. Suggérer que j’approuverais les convictions de mes invités ne doit pas être compris comme un simple contresens : c’est une insinuation mensongère. Une telle manipulation de mes positions trahit une volonté claire de nuire à ma réputation.


Je précise que mes propositions d’entretien adressées à Rudy Reichstadt sont restées sans réponse. La courtoisie et l’élégance commandaient pourtant d’accuser réception de mes demandes et, le cas échéant, de décliner poliment, ce qui relève du droit le plus strict de chacun. Ignorer mes sollicitations ne contribue pas à un débat honnête et respectueux.


Cette stratégie d’évitement en dit long sur la manière dont certains opèrent : plutôt que de débattre avec franchise, ils préfèrent esquiver toute confrontation directe. Un tel refus de l’affrontement intellectuel traduit moins la recherche de la vérité qu’un goût pour la posture, au détriment de l’honnêteté et de la solidité des arguments.


Concernant certaines de mes collaborations, j’ai effectivement écrit pour la Revue Méthode et Nous Sommes Partout. Cela ne signifie en aucun cas que je souscris aux opinions des autres auteurs, ni que j’approuve intégralement la ligne éditoriale de ces publications, qui n’existent d’ailleurs plus. Je suis uniquement responsable de mes analyses, non de celles d’autrui.


De manière générale, je n’exclus pas de répondre favorablement aux invitations d’associations ou d’organes de presse dont les opinions diffèrent des miennes. Par exemple, si Le Figaro m’invitait pour une chronique ou un entretien, j’accepterais volontiers. De même, si demain le RN, Reconquête ou Les Républicains me proposaient de donner une conférence sur un sujet que je maîtrise, il est évident que je ne déclinerais pas. L’extrême gauche, souvent sectaire et adepte de l’ostracisme, ne m’inviterait probablement pas à une discussion contradictoire. Pourtant, si une telle occasion se présentait - par exemple à la Fête de l’Humanité - je m’y rendrais, pleinement préparé sur le plan intellectuel.


À l’inverse de cette logique d’exclusion fondée sur les divergences idéologiques, j’ai toujours eu à cœur de converser avec des personnes qui ne partagent pas mes convictions. Ainsi, je serais très heureux de recevoir, dans le cadre de mes enquêtes intellectuelles, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Éric Zemmour ou toute autre personnalité défendant des positions éloignées des miennes. Pour preuve, j’ai déjà interrogé à deux reprises Jean-Marie Le Pen ainsi que Jacques Attali, figures aux antipodes du catholicisme romain et du monarchisme. Ces entretiens illustrent ma volonté constante de confronter mes idées à des visions radicalement opposées, tout en restant inébranlable dans mes convictions.


Vous avez utilisé des raccourcis dignes du point Godwin en cherchant à m’assimiler au national-socialisme. Un tel procédé est profondément malhonnête, intellectuellement comme politiquement. Ce rapprochement ne repose pas seulement sur le mensonge : il est absurde. Le national-socialisme fut solennellement condamné par l’encyclique Mit brennender Sorge du Pape Pie XI.


Je rappelle que l’un des premiers martyrs de la Résistance, fusillé le 29 août 1941, Honoré d’Estienne d’Orves, était un fervent catholique et un monarchiste convaincu. Je vous invite également à consulter ma chronique littéraire intitulée Réponse aux nazis sur l’Ancien Testament, qui démontre sans ambiguïté l’incompatibilité totale entre la doctrine catholique et le national-socialisme, conformément à l’enseignement de l’Église romaine.


En ce qui concerne Les Protocoles des Sages de Sion, j’insiste toujours sur la nécessité de les aborder avec honnêteté intellectuelle et esprit critique, loin de toute lecture émotionnelle ou sensationnaliste. Mon objectif, en invitant chacun à les lire, est de comprendre comment de tels textes ont été conçus, diffusés, étudiés et combattus. La lecture critique de ce document s’inscrit dans une démarche d’analyse historique et sociologique. Cette méthode met en lumière les mécanismes de la critique textuelle et explique pourquoi certains préfèrent faire interdire des livres par la voie judiciaire plutôt que d’affronter leur contenu sur le terrain historique, politique et intellectuel.


Préférant toujours les conversations constructives aux missives numériques, souvent stériles ou contre-productifs, je renouvelle mon invitation à Rudy Reichstadt pour un entretien vidéo. Ce serait l’occasion d’aborder, dans un esprit de sérénité, les questions liées aux complots et au complotisme, ainsi que l’exigence de rigueur intellectuelle indispensable à l’analyse des événements et à la rédaction d’articles fiables. Un tel échange pourrait constituer un véritable dialogue d’idées, fondé sur les faits et nos usages respectifs, plutôt que sur des malentendus, des raccourcis ou des approximations. Je reste pleinement disponible pour fournir tout complément d’information et éclaircir toute interprétation erronée de mes propos.


Pour conclure, je cite ce sage conseil biblique que nous retrouvons en Proverbes 18,13 :


« Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion ».

Commentaires