Entretien pour Jeune Nation

Franck-Abed


Bonjour, tout d'abord, merci d'avoir accepté de répondre à notre invitation. Pouvez-vous, premièrement, vous présenter au niveau personnel ?

Bonjour à vous et à vos lecteurs. Merci pour votre invitation.


Je suis un intellectuel indépendant, profondément attaché à la France et à son héritage. Ma pensée s’enracine dans une tradition politique que je sais essentielle pour notre avenir : celle qui repose sur deux piliers fondateurs, souvent négligés mais toujours vivants, le catholicisme et le monarchisme.

Dans un monde façonné par l’oubli, la table rase et la déconstruction, je m’efforce, à travers mes écrits, mes conférences et mes engagements, de défendre la civilisation française, enracinée dans l’Histoire, ordonnée pour le vrai, le beau et le bien.

Je ne me fais aucune illusion ni sur le régime républicain, ni sur la modernité faussement philosophique qui s’emploie à déraciner les âmes. Par mes productions intellectuelles, mes analyses politiques et culturelles, je m’efforce de nourrir une réflexion de fond : restaurer une conscience historique et politique, réveiller une mémoire collective trop souvent effacée. Je rappelle constamment que la fidélité aux idéaux monarchistes n’est pas une posture passéiste, mais une exigence vitale pour affronter les défis et les maux de notre temps.

Je crois en la vertu de l’engagement spirituel et intellectuel, loin des compromissions de mon siècle. Mon travail doit être compris comme une invitation à réfléchir, comprendre et agir…

Vous militez pour une restauration de la monarchie en France. En quoi une restauration monarchique serait-elle nécessaire et permettrait de régler les problèmes de la France ?


Le combat pour la monarchie ne saurait se réduire à une nostalgie passéiste, à un sentimentalisme confus ou à un atavisme familial. Militer pour la restauration monarchique en France relève d’un double impératif : fidélité à l’histoire de notre nation et fidélité aux principes qui lui donnèrent sa grandeur.

Chaque Français doit savoir que la France s’est construite autour d’un pouvoir sacré, incarné par la monarchie. Ce pouvoir ne tire nullement sa légitimité d’un suffrage éphémère ou d’une majorité fluctuante, mais d’une transmission héréditaire inscrivant l’autorité dans le temps long, au service du Bien Commun.

La monarchie porte intrinsèquement une vision durable de l’exercice du pouvoir, à rebours des urgences électoralistes et des calculs à courte vue qui minent véritablement l’action politique contemporaine. Gouverner un pays exige une vision, de la continuité, de la patience et une morale. Or, dans un système dominé par le rythme effréné des scrutins et les variations de l’opinion publique – elle-même largement préfabriquée par les médias de masse – il devient presque impossible de conduire une politique digne de ce nom.

Le Roi, en vertu de sa fonction héréditaire et sacrée, n’a nul besoin de recourir à la séduction ni à la manipulation pour accéder au pouvoir. Son autorité ne dépendra jamais d’un mandat à renouveler. À l’inverse de l’élu, il ne peut adhérer à la curieuse logique de savonner la planche à son successeur : celui-ci est souvent son propre fils, qu’il prépare à gouverner dans un esprit de transmission. Il ne peut donc raisonner en disant « après moi, le déluge », car son devoir repose sur l’idée fondamentale de léguer à son héritier un royaume stable, apaisé et prospère. Il agit en homme d’État, et non en simple gestionnaire du moment…

À cela s’ajoute une vérité politique cruciale : en République, nous assistons bien souvent à un autoritarisme excessif vers le bas, qui corsète voire humilie les Français (tout le monde se souvient des épisodes Covid), pendant qu’en haut domine une idéologie liberté-libertaire sans limite pour les élites. La monarchie traditionnelle inverse ce déséquilibre : l’autorité est concentrée au sommet dans un seul homme, pour garantir des libertés concrètes à la base – à travers les corps intermédiaires, les communautés naturelles et les traditions locales.

Être monarchiste, enfin, c’est demeurer fidèle à notre tradition politique et à l’œuvre patiente de nos ancêtres qui ont bâti la France siècle après siècle. Je mesure, chaque jour davantage, combien la continuité historique, la transmission et l’enracinement sont des nécessités vitales. Militer pour la monarchie revient, de fait, à travailler pour la restauration d'une France libre, forte et catholique.

La monarchie ne se conjugue pas seulement au passé, parce qu’elle incarne la permanence et donc l’avenir. Dans un pays qui souffre d’avoir perdu le sens de son histoire, elle demeure la seule voie de salut pour rendre à la France son unité et sa grandeur.

Quelle est la situation du royalisme actuellement ?


Aujourd’hui en France, le royalisme dit politique se trouve dans une situation guère reluisante. Il se divise en une multitude de courants, souvent éparpillés, parfois irréconciliables. Nous y retrouvons des nostalgiques des anciennes monarchies figés dans une vision muséale de l’histoire, des passéistes qui confondent fidélité aux principes et refus du réel, et des royalistes de salon davantage enclins aux joutes théoriques qu’à l’action concrète, souvent repliés dans des certitudes abstraites qui ne résistent pas à l’épreuve des vraies contradictions.

Cette fragmentation mortifère, doublée d’un manque de stratégie commune, explique en grande partie la faible influence du royalisme dans le débat public. Or, si les royalistes désirent redonner à cette tradition politique toute sa légitimité, il est urgent de sortir de l’entre-soi afin de renouer avec la réalité du terrain, sans rien renier de la doctrine.

Il existe aussi, au sein du paysage royaliste français, un courant plus discret mais non négligeable, composé de ceux qui fondent leur engagement sur des révélations privées, des apparitions supposées ou des manifestations (dites) surnaturelles qui, bien que parfois populaires dans certaines contrées, ne sont pas reconnues par Notre Sainte Mère l’Église. Ce type de royalisme, nourri de mysticisme individuel et d’attente quasi-prophétique, repose davantage sur l’émotion, le ressenti voire l’atavisme familial que sur une véritable pensée politique structurée.

Or, un tel royalisme, aussi sincère soit-il dans sa démarche, s’éloigne des exigences de la raison politique et du discernement spirituel. Le royalisme ne peut se réduire à un sentimentalisme nostalgique ou à une croyance dans des signes non reconnus par l’Église. Il doit au contraire reposer sur une compréhension lucide de l’Histoire et de la situation politique, proposer une analyse rigoureuse du présent, dans le but de promouvoir un engagement enraciné dans les canons fondamentaux du droit naturel.

À notre époque, le royalisme souffre d’un problème majeur que je ne peux esquiver : aucune figure digne de ce nom ne l’incarne. Or, le royalisme a besoin d’incarnation, car nous ne défendons pas une idéologie abstraite ou détachée des réalités humaines. Il repose au contraire sur une vision concrète de l’Homme, du pouvoir et de la transmission.


La politique ne doit jamais être réduite à une affaire personnelle ou à une querelle juridique surannée. Penser ainsi reviendrait à rabaisser l’idéal royaliste à bien peu de chose, alors qu’il porte une vision exigeante de la Chose publique et de l’autorité dans le temps long.


Les enseignements, les idéaux et l’héritage monarchistes doivent être défendus pour ce qu’ils sont en eux-mêmes, indépendamment de l’action – ou de l’inaction – de prétendus princes. Trop souvent, certains royalistes conditionnent leur engagement à la figure d’un homme, comme si l’essentiel tenait à la présence, au style ou aux prises de parole de ces dits prétendants. Il s’agit d’une cruelle erreur de perspective que je combats. 


Je le répète souvent : je promeus les principes avant tout. La pérennité du monarchisme, la fidélité à une tradition politique et spirituelle dépassent les hommes et les femmes de notre temps. Le combat pour la restauration monarchiste ne doit jamais se transformer en une affaire de cour ou de protocole, mais être vécu comme une exigence enracinée dans la vérité historique et doctrinale.

Je défends donc l’héritage, non comme une relique, mais comme une source vive de régénération pour la France. Et si je souhaite activement le retour de l’héritier légitime, ce n’est pas dans la passivité ou l’illusion, mais dans une vigilance active, lucide et combattante. L’espérance monarchique ne doit pas être une fuite hors du réel, mais une fidélité dans le présent et une promesse pour l’avenir.

Le fait que les royalistes demeurent une minorité au sein de ce qu’il est convenu d’appeler – par commodité – la « droite nationale », expression d’ailleurs imparfaite et contestable, témoigne de l’ampleur de la victoire idéologique de la Révolution. Le royalisme semble de plus en plus marginalisé, dans un contexte où la République vacille dans ses fondements, ses réalisations et ses futurs projets, alors qu’il demeure notre seul espoir de salut politique.

Pouvez-vous nous citer les figures du royalisme qui vous inspirent le plus ?


Il serait trop long de toutes les citer dans le cadre de cet entretien, car de très nombreuses figures m’inspirent profondément, qu’elles soient spirituelles, politiques, intellectuelles ou militaires. Le royalisme ne doit jamais se transformer en une nostalgie figée, mais être l’expression d’une tradition vivante portée par des hommes et femmes qui ont incarné avec force l’idée d’ordre, de service et de fidélité. Je citerai des figures qui m’inspirent depuis que j’ai commencé à réfléchir et à composer mes textes.


Je pense à saint Augustin d’Hippone, dont La Cité de Dieu éclaire encore aujourd’hui les fondements spirituels et métaphysiques du pouvoir légitime. Il nous enseigne que toute autorité juste s’ordonne au bien, à la paix véritable et à la justice divine.

Saint Thomas d’Aquin, quant à lui, m’inspire par sa rigueur intellectuelle et son sens profond de l’harmonie entre foi et raison. Il a pensé le pouvoir politique comme un ordre naturel orienté vers le Bien Commun. A ses yeux, la monarchie représente le régime plus stable, parce qu’incarné, hiérarchisé et soumis à une loi supérieure dépassant les volontés individuelles.


Saint Louis incarne véritablement l’exemple même du roi chrétien : juste, pieux, courageux, profondément préoccupé du sort des plus faibles. Il incarne l’idéal du Roi-Serviteur, qui gouverne non pour lui-même, mais pour Dieu et pour son peuple. Jésus Lui-Même a déclaré que le plus grand est celui qui se met au service de tous.

Jeanne d’Arc est la sainte de la patrie par excellence. Elle incarne le lien indissoluble entre foi catholique et fidélité à la France. Par son courage, sa pureté et son sens du devoir, elle demeure un modèle de résistance spirituelle et nationale contre toutes les formes de trahison ou d’abandon. Elle a réussi sa mission de perpétuer la légitimité monarchique en faisant sacrer Charles de Valois à Reims.


Sur le plan purement politique, Suger, Richelieu, Mazarin, Colbert, Sartine, La Reynie, Vergennes (et tant d’autres) m’inspirent par leur sens de l’État et leur compréhension de la continuité historique. Leur action, bien qu’attachée aux réalités du pouvoir, n’a jamais perdu de vue l’unité du royaume et la stabilité de la Couronne, dans des époques où les difficultés furent nombreuses…

Je convoque aussi Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Antoine Blanc de Saint-Bonnet. Ils ont disserté sur le catholicisme et la royauté avec une profondeur philosophique rare, doublée d’une lucidité implacable. Leurs écrits, puissants, exigeants, parfois dérangeants pour certains - mais toujours éclairants à mes yeux - rappellent une vérité essentielle : l’ordre politique ne rime pas avec neutralité. Il repose toujours sur une certaine vision de l’Homme, du temps, de la société et plus profondément encore du sacré. Ils ont dénoncé, à juste titre, les idées dites nouvelles, tant dans leur formulation que dans leur mise en œuvre.

Enfin, je n’oublie pas les soldats fidèles qui, à travers tous les âges de la royauté - de Clovis aux héros oubliés des guerres de Vendée, de la Chouannerie, jusqu’aux élus royalistes du XIXème siècle - ont porté haut les couleurs de la légitimité politique. Leur courage, leur enracinement, leur sens du devoir et du sacrifice témoignent, de manière saisissante, de la puissance d’un idéal incarné, parfois jusqu’au sacrifice extrême.

En somme, ces figures archétypes ne constituent pas un panthéon figé dans la pierre : elles sont avant tout des phares qui éclairent notre chemin. Chacune, à sa manière, éclaire une facette de l’idéal royal. Elle rappelle que le royalisme n’est pas un rêve passé, mais un appel exigeant à retrouver un ordre supérieur, une fidélité vivante et une espérance politique enracinée dans la belle et longue histoire de France.  


Dans une vidéo qui date de 14 ans, vous abordiez l'un des procès contre Éric Zemmour et vous l'aviez qualifié de faux dissident. Vous aviez cité d'autres personnes qui seraient des faux-nez comme Philippe de Villiers ou même Jean-Marie Le Pen et présenté le Bloc identitaire et Marine Le Pen comme des voix de garage. Votre avis a-t-il changé depuis 2011 ?


Non, mon avis demeure inchangé. Le temps long - en politique comme dans toute entreprise sérieuse - est le seul véritable révélateur, celui qui permet de distinguer le bon grain de l’ivraie. Il met à l’épreuve discours et postures, validant ou invalidant les analyses formulées. C’est précisément ce que soulève votre interrogation.

Près de quinze ans après la publication de cette vidéo, chacun peut constater - à condition d’un minimum d’honnêteté intellectuelle - la justesse des propos et des avertissements que je portais alors. Les figures que vous évoquez n’ont fait, hélas pour elles et pour le combat qu’elles prétendent incarner, que confirmer les critiques argumentées et circonstanciées que j’exprimais : compromissions successives, contradictions flagrantes, stratégies électoralistes déconnectées de toute vision à long terme, et incapacité manifeste à incarner une véritable alternative politique et civilisationnelle.

Ce qui distingue un bon intellectuel, un vrai analyste est sa capacité à penser sur la durée, à décrypter les dynamiques profondes, sans se laisser emporter par la fureur médiatique ni les effets de mode. Car le temps - en politique comme ailleurs - finit toujours par trancher dans le vif, implacable face aux incantations, illusions, désirs et délires de chacun.

Particulièrement pour Jean-Marie Le Pen qui nous a quittés le 7 janvier 2025 dernier ?


Je prépare actuellement un texte de fond consacré à Jean-Marie Le Pen. Il exprimera de manière structurée et définitive mes analyses sur son parcours, ses convictions et son rôle politique. Je n’entrerai donc ici que dans les grandes lignes.

Ma critique de fond n’a guère changé. Sa mort survenue en début d’année n’y change rien. Il faut savoir résister à la tentation de l’émotionnel, du sensationnalisme et de la réécriture biographique à chaud. La mort ne sanctifie pas une trajectoire politique ; elle ne la réinvente pas non plus. Elle invite simplement, si l’on est sérieux, à faire le bilan avec lucidité et honnêteté.

Jean-Marie Le Pen fut un homme politique républicain, démocrate et laïc. À ce titre, il s’inscrit dans une trajectoire politique nettement éloignée de la pensée politique classique et traditionnelle.

Comment avez-vous réagi à la mort de Jean-Marie Le Pen le 7 janvier 2025 dernier et aux réactions que sa mort a suscitées  ? 

J’ai d’abord eu une pensée sincère pour les membres de sa famille. Il n’est jamais facile de perdre un père, un grand-père, un oncle ou un proche ; même si nous professons la foi catholique romaine. La peine reste réelle et la douleur vive. Cela étant, sa disparition ne m’a pas profondément ému sur le plan affectif. Je n’ai jamais voté pour le Front National ou le Rassemblement National, quelle que soit l’élection. Je suis depuis toujours critique à l’égard de la méthode Le Pen comme de la plupart de ses lignes idéologiques directrices.

Encore une fois - comme je l’ai déjà souligné par ailleurs - la mort d’une grande figure politique, fut-elle marquée par la longévité, la ténacité ou la résilience, ne doit pas être l’occasion de réécrire son histoire, ni dans le sens d’un éloge exagéré, ni dans celui d’un règlement de comptes posthume.

J’ai également constaté, non sans étonnement, que nombre de cadres et de militants, autrefois très sévères, voire ouvertement injurieux à l’égard de Jean-Marie Le Pen lorsqu’il décida de transmettre le flambeau à sa fille, se sont soudain drapés dans les habits d’un deuil respectueux. Il faut croire que la mort possède ce pouvoir magique d’effacer les rancunes politiques autant que personnelles…  


Ces personnes semblent avoir relégué aux oubliettes leurs réprimandes d’hier, leurs jugements péremptoires, ainsi que leur part de responsabilité dans l’évolution du camp national, qu’ils ont eux-mêmes contribué à fragiliser en soutenant celui que l’on peut désormais qualifier, sans excès, de plus grand perdant de la Vème République. 


L’enlisement actuel de cette mouvance s’explique en grande partie par le soutien persistant apporté au « Menhir », malgré une série de défaites électorales et des positions politiques très discutables. Ces échecs répétés ont progressivement révélé une incapacité structurelle de Jean-Marie Le Pen à conquérir le pouvoir.


D’autres ont suivi le mouvement du deuil respectueux, sans doute pour flatter leur base militante. Pour ma part, je n’emprunte pas ce chemin. Lorsque je rends hommage à une personnalité publique, je n’agis pas par opportunisme politicien, mais toujours parce que je reconnais sincèrement sa valeur et son parcours.


Enfin, j’ai trouvé que cette LePenmania revêtait un caractère particulièrement excessif et « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Certes, Jean-Marie Le Pen a suscité chez de nombreux Français une (vaine) espérance politique, mais que dire de toutes les désillusions engendrées

La période qui suit un enterrement ne peut être le moment idéal pour dresser un bilan politique. Pour autant, le respect dû aux morts ne doit en aucun cas altérer notre lucidité, en particulier chez les responsables politiques, les journalistes, les analystes et autres acteurs médiatiques.

Que les choses soient claires pour vos lecteurs : je comprends tout à fait que les fidèles de Jean-Marie Le Pen aient souhaité lui rendre hommage. Après tout, pour beaucoup, il fut un chef, un repère, un père, et un combattant politique durant plusieurs décennies. Mais cela ne saurait occulter une réalité que je ne cesse de dénoncer : Jean-Marie Le Pen porte une responsabilité directe dans les échecs successifs du camp dit national.

Par son démocratisme, son républicanisme, ses provocations souvent stériles, ses outrances verbales, ses formules choc inutiles et une stratégie nationale parfois brouillonne doublée d’une quasi-absence de stratégie locale, il a davantage contribué à marginaliser son camp qu’à le conduire à la victoire. Les faits témoignent de ce constat implacable. 

De surcroît - et c’est là, selon moi, l’essentiel - il n’a jamais véritablement défendu le traditionalisme politique français. À ce titre, le deuil ne saurait se confondre avec l’amnésie. Rendre hommage à une figure politique ne signifie nullement réhabiliter un bilan largement négatif. Pour ma part, la lucidité l’emporte toujours sur l’émotionnel, notamment en matière de réflexion intellectuelle.

Dans cette même vidéo citée plus haut, trois critères sont présentés comme étant une preuve de la dissidence ou non d'un individu. Il faut parler du fait que la République est le règne de l’étranger ; Que la démocratie est un régime intrinsèquement mauvais et pervers ; De certains sujets historiques interdits et tabous. Avec ces critères, quel serait votre avis concernant le nationaliste Pierre Sidos et le révisionniste Vincent Reynouard ?


Je n’ai jamais lu Pierre Sidos. J’ai écouté, il y a de cela fort longtemps, deux ou trois de ses interventions filmées. J’ai, au moment de sa sortie, visionné avec intérêt le documentaire qui lui avait été consacré. Il s’agit d’un travail à la fois instructif et utile, parfois émouvant, notamment avec l’anecdote de l’alliance qui rappellera des souvenirs à certains. Cette production permet de mieux comprendre son itinéraire politique si singulier.

Je l’ai rencontré une fois, brièvement, dans les locaux de l’Œuvre française. L’échange a duré quelques minutes ; il m’est apparu comme une personne cultivée, affable et plutôt sympathique. Au demeurant, juger l’homme privé serait ici hors de propos ; seule sa trajectoire politique mérite d’être examinée.

À ce titre, le fait même que vous le présentiez comme un nationaliste indique d’emblée qu’il ne s’inscrit pas dans le courant du traditionalisme politique français auquel je me rattache. Ce dernier repose sur des fondements clairs : le catholicisme intégral et la monarchie. Le nationalisme moderne, même dans ses formes les plus sincères, reste un produit de la Révolution et des idéologies nouvelles : il émane et défend la souveraineté populaire, encoure le principe des nationalités, exalte l’État-nation abstrait et relègue l’ordre surnaturel au second plan, quand il ne l’ignore pas complètement. De même, certains utilisent la religion comme un instrument de pouvoir et de contrôle social…

Le courage personnel, la ténacité dans les épreuves, la fidélité à certaines convictions peuvent être des qualités humaines estimables, mais elles ne doivent jamais servir d’écran de fumée ou de caution morale pour des propositions politiques erronées ou incompatibles avec l’ordre véritable. On peut être brave et se tromper. La rectitude doctrinale et la vérité ne s’évaluent pas à l’aune du mérite individuel, mais selon des préceptes solides, enracinés et hiérarchisés.

Concernant Vincent Reynouard, j’ai lu certains de ses articles pour préparer un entretien vidéo qui, de mémoire, avait duré trois heures. Cela remonte a plus de dix ans. Ce fut, et je m’en souviens très bien, un échange vraiment intéressant. Nous avions abordé de nombreux sujets politiques, historiques, intellectuels, d’actualité, etc. Je précise un point très important : lorsque j’interroge un invité, quelqu’il soit, dans le cadre de mes enquêtes intellectuelles, politiques ou historiques, je m’efface autant que possible pour lui laisser la parole. Cela ne m’empêche pas, à certains moments, d’endosser les habits de l’avocat du diable, dans un souci de précision ou pour favoriser la clarté du propos. S’il s’agissait d’un véritable débat, j’adopterais volontiers une autre posture.

Ce que j’ai tout de même observé chez lui : une grande variabilité dans ses positions religieuses. Il fut un temps où il se disait plus catholique que les catholiques les plus authentiques, plus papiste que le Pape. Il ne manquait jamais de pourfendre ceux qui, à ses yeux, trahissaient la doctrine ou minimisaient la crise profonde que traverse l’Église depuis le Deuxième concile du Vatican. À cette époque, ses attaques s’appuyaient sur un catholicisme dur, étriqué et très rigide.

Aujourd’hui, il semble disposé à réfuter non plus les catholiques eux-mêmes, mais la doctrine catholique romaine, non plus au nom d’une Rome fantasmée, mais selon une philosophie floue, désincarnée, détachée de toute autorité révélée. Ce glissement révèle un passage d’un excès à un autre : d’un fondamentalisme chrétien qu’il avait lui-même façonné à une pensée désormais marquée par un syncrétisme diffus, voire un relativisme philosophique revendiqué.

D’une manière générale, un véritable dissident, ne s’affiche pas en marge du système à coups d’excès rhétoriques ou de provocations stériles ; il se tient résolument à contre-courant de ses fondements philosophiques, historiques et spirituels.

Concernant les sujets dits « tabous » ou plus exactement définis comme tels par la République, je rappelle une évidence : les lois qui répriment la liberté de recherche et d’expression, notamment dans les domaines de l’histoire et des sciences politiques, doivent être dénoncées sans relâche. Je ne pourrai jamais me satisfaire du mot d’ordre : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

La vérité historique ne saurait s’imposer par des voies législatives. Lorsqu’un historien, ou un chercheur en herbe, commet une erreur, exprime des mensonges, procède à une exagération ou à une manipulation des faits, la réponse appropriée réside dans la confrontation argumentée, lors d’un débat rigoureux et honnête. La publication d’ouvrages ou d’articles scientifiques constitue un autre moyen légitime de rectification. Il me semble inacceptable de recourir à la censure juridique afin de réduire au silence un auteur, notamment par le biais de poursuites judiciaires ou de persécutions diverses et variées.

La police politique de la pensée ne garantit ni la vérité ni la justice. Elle affaiblit le monde intellectuel, fige la recherche et installe une matrice idéologique que rien ne justifie dans une société présentée comme libérale, égalitaire et fraternelle. Défendre la liberté de recherche ne signifie pas approuver toutes les opinions. Je récuse avec vigueur que la République puisse s’arroger la compétence de déterminer la vérité ou la fausseté dans des domaines qui relèvent exclusivement de la rigueur intellectuelle et scientifique, seuls garants d’un jugement pertinent et légitime.

Votre dernier ouvrage se nomme Napoléon, le héros éternel et porte sur la figure de l’Empereur. Comment concilier un point de vue royaliste et bonapartiste étant donné que ce dernier fut fortement critiqué pour diverses raisons dans le milieu royaliste traditionnel ? Parmi ses détracteurs, il y avait notamment Léon Daudet qui l'accusait d'être un continuateur de la Révolution française et de la République. Il y a également la question de la répression contre les royalistes et de la guerre contre la chouannerie.


Les réponses complètes à votre question mériteraient de longs développements. J’invite donc vos lecteurs à consulter les entretiens que j’ai accordés à divers médias indépendants, ainsi que plusieurs textes accessibles en ligne, où j’expose longuement cette position complexe mais cohérente.

Il est important, pour commencer, de rappeler que je ne promeus pas le bonapartisme car je ne suis pas bonapartiste. En revanche, je me définis comme napoléonien depuis presque toujours. La nuance est essentielle. Le bonapartisme renvoie à une famille politique organisée, structurée autour de la personne ou de l’héritage dynastique de Napoléon. Être napoléonien, en revanche, signifie admirer la figure de Napoléon — et, pour certains, celle de Napoléon III également — ainsi que leur œuvre considérable, marquée par un génie politique, militaire et administratif. Je reconnais en eux de véritables bâtisseurs d’État et, tout particulièrement pour le premier, des hommes d’ordre porteurs d’une vision claire et ambitieuse.

Cela étant posé, il faut rappeler un fait historique essentiel : depuis 1799 - et encore aujourd’hui dans les milieux d’extrême gauche et de gauche - Napoléon subit les foudres des révolutionnaires qui l’accusent d’avoir trahi la Révolution et les idéaux républicains. Il n’est donc pas critiqué uniquement par les royalistes ou ceux classés - à tort ou à raison - à droite.

En Vendée, c’est grâce à son action politique qu’un processus de pacification aboutit. Il convient de ne jamais l’oublier. Et si les prêtres, après 1799, ne sont plus considérés en France comme du « gibier de potence » par certains fanatiques, ils le doivent exclusivement à Napoléon. Il a rouvert les églises, fait de nouveau résonner les cloches de Notre-Dame, rétabli le calendrier grégorien et signé le Concordat avec le pape Pie VII. Il a restauré un catholicisme d’État et rebâti un État solide après des années de gabegie…

Ajoutons qu’il a instauré une monarchie héréditaire, établi une noblesse fondée sur l’hérédité, et promulgué des constitutions impériales avec la primogéniture masculine. Napoléon a donc réintroduit en France certains principes fondateurs de la monarchie traditionnelle, même s’il l’a fait dans une logique propre, adaptée à son époque et à son parcours. N’oublions pas tout même que le Pape Pie VII fut présent à Notre-Dame le 2 décembre 1804 pour les Sacres Impériaux.

Concernant le fameux épisode de l’église Saint-Roch - souvent rappelé pour lui reprocher d’avoir tiré sur le peuple - il faut être précis : Napoléon était alors un simple général de brigade, sous les ordres du Directoire. Il a obéi comme tout soldat, comme tout officier en pareilles circonstances. Il ne détenait pas encore le pouvoir effectif sur toutes les institutions. Cet épisode, d’à peine une heure, ne saurait fonder un jugement global sur son œuvre intemporelle. Lors du 10 août 1792, Louis XVI n’aurait-il pas dû, pour sauver la monarchie, ordonner à ses troupes de réprimer l’insurrection ?

Je ne suis pas le premier royaliste à reconnaître le génie de Napoléon. Dès 1800, nombre de royalistes - émigrés, clandestins ou simplement écartés du jeu politique - ont choisi de le servir. Les plus illustres noms de l’ancienne noblesse sont allés solliciter, parfois même quémander, des postes ou des prébendes auprès du Premier Consul, puis de l’Empereur…

Napoléon était un pragmatique. Il savait qu’il lui fallait s’entourer des meilleurs, quelles que fussent leurs appartenances passées - royalistes, républicains ou indifférents - pour reconstruire un pays exsangue. Il fut un très grand chef d’État, dont l’action a marqué durablement notre histoire. Il incarne, encore aujourd’hui, la grandeur, l’ordre et une certaine idée de la France.

Reconnaître des faits historiques que tout le monde peut constater ne revient pas à trahir ses convictions intellectuelles et politiques. Cela revient simplement à regarder l’Histoire avec lucidité et honnêteté…

Vous avez réalisé un entretien avec Jacques Attali. Pourquoi avoir invité celui qui est considéré par beaucoup comme étant l'un des chefs de l'État profond en France et quel regard portez-vous sur sa personne ?

Pour être précis, Jacques Attali ne fut pas la seule personnalité sollicitée pour un entretien vidéo. Toutefois, avec Jean-Marie Le Pen, il demeure l’un des rares, à ce niveau de notoriété médiatique, à avoir accepté de répondre favorablement. Avec leur accord, j’aurais également pu interroger Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, ainsi que des figures du sport et de la musique comme Zinedine Zidane, Booba, Kool Shen, et bien d’autres encore. Je ne me refuse rien en la matière. Malheureusement elles ont décliné ou aucune réponse ne me fut adressée.


Interroger Jacques Attali ne fut pas un long fleuve tranquille : plus d’un an s’est écoulé entre son accord initial et la réalisation de l’entretien. De plus, une condition m’était imposée : son équipe m’avait expressément demandé de ne pas aborder les sujets d’ordre politique. Je ne pouvais pas donc par l’interroger sur « Jérusalem, devenant la capitale de la planète, qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial, c’est un joli lieu pour un gouvernement mondial »…

Deux options se présentaient à moi : accepter cette directive ou renoncer à l’entretien. Je tenais absolument à pouvoir « accrocher » Jacques Attali à mon tableau de chasse politique. Cette condition n’exigeait pas de moi un reniement intellectuel, mais seulement de ne pas évoquer certains sujets politiques.


C’est, reconnaissons-le, une belle performance pour un intellectuel totalement indépendant - sans aucune soutien financier ou médiatique, sans aucun parti derrière ou avec soi - que de parvenir à décrocher un entretien vidéo avec un homme considéré comme l’un des grands architectes de la Vème République, celui qui a conseillé, ou conseille encore, plusieurs Présidents.

Avant de mener cette discussion filmée, j’ai pris le temps de lire cinq ou six de ses ouvrages et d’écouter plusieurs interventions publiques. Jacques Attali est un homme cultivé, qui s’exprime très bien à l’oral comme à l’écrit. Son parcours intellectuel et politique s’étend sur près de soixante ans, au cours desquels il a publié près de cent ouvrages. Ce n’est pas rien en toute objectivité. D’aucuns diront qu’il n’a pas écrit tous ses livres ; je n’aborderai pas ce point dans le cadre de cet entretien.

Cela dit, il serait faux de voir en lui une sorte de prophète de la Vème République ou le grand scénariste occulte des politiques contemporaines. Effectivement, si certaines de ses analyses se sont avérées justes - et ses adversaires aiment à citer quelques phrases bien choisies en ce sens - il s’est également lourdement trompé à de très nombreuses reprises. 

Les mêmes oublient souvent de rappeler toutes les prédictions erronées, les prospectives bancales et sans fondement qu’il a formulées durant toutes ces années. Il n’est pas pertinent de ne retenir que les citations qui confortent la thèse du «  prophète de malheur » tout en écartant celles qui la contredisent. Cette méthode est fondamentalement injuste car elle exploite le mécanisme du biais de confirmation…

Il ne faut ni diaboliser ni idéaliser Jacques Attali. Il n’est ni un génie visionnaire, ni un manipulateur machiavélique tirant les ficelles dans l’ombre. C’est une personnalité, hélas trop influente, dont les opinions doivent être combattues. Je ne le range pas parmi les intellectuels brillants, car il s’est à de très nombreuses reprises fourvoyé. Il convient donc de garder raison et de rejeter les lectures complotistes qui en font le démiurge hermétiste de notre époque. Tel n’a jamais été mon regard.


D’une manière générale, je préfère interroger les figures d’influence, les écouter, les confronter à leur propre discours, sans fascination ni haine. C’est, à mon sens, la meilleure manière de servir l’intelligence et le débat public.

Lors de ce même entretien avec Jacques Attali, vous avez déclaré lire à peu près 5 livres par semaine. Quel est le meilleur livre que vous ayez lu venant : D'un camarade politique ? D'un adversaire politique ?

Cela dépend beaucoup des périodes. Certaines semaines, je lis un seul ouvrage et parfois j’en termine cinq. Tout dépend de mes obligations, de mes recherches intellectuelles et des projets que je mène. Chez moi, la lecture ne se résume pas à un simple passe-temps. Je la vis comme une discipline et une exigence quotidienne. 

Elle s’inscrit au cœur de mon engagement dans le débat des idées. Je varie les formats et les contenus : essais, mémoires, correspondances, romans, études historiques ou philosophiques. Tout ce qui peut nourrir la réflexion et aiguiser le jugement m’intéresse. J’apprécie également la bande dessinée historique quand elle conjugue rigueur documentaire et force narrative.

En ce qui concerne les ouvrages écrits par des camarades politiques, je dois reconnaître que je les lis assez rarement, voire pas du tout. Non par désintérêt ou par mépris - loin de là - mais parce qu’une large part de mes lectures est consacrée aux grands textes classiques qui me semblent plus fondamentaux pour structurer durablement une pensée politique et philosophique. Or, il me reste encore tant de classiques à découvrir ou à relire ! 

J’ai toujours admis qu’une pensée politique solide ne pouvait se bâtir uniquement à partir d’ouvrages contemporains. Il faut remonter aux sources pour étudier les meilleurs : saint Ambroise, saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, les Pères et Docteurs de l’Eglise, le Pape Innocent III, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Blanc de Saint-Bonnet, pour ne citer qu’eux parmi tant de génies intellectuels. Ces ouvrages forment l’esprit et donnent des repères solides. Ils promeuvent une vision du monde bien plus juste et vraie que les commentaires de l’actualité…

Quant aux ouvrages écrits par mes adversaires politiques, la démarche se révèle bien différente. Je les lis, et sans doute davantage que leurs propres partisans. Non pas dans l’espoir d’être convaincu, mais parce qu’il s’avère indispensable de maîtriser les arguments, les références et les ambitions de ceux que je fustige par l’écrit et le verbe. 

Pour bien combattre un adversaire, il faut d’abord le connaître. Lire ses textes permet de saisir sa logique, en comprendre les présupposés et en déceler les contradictions. De cette manière, je peaufine et affine mes propres positions. Refuser cette lecture me semble être une faute intellectuelle majeure, car cela conduit soit à la caricature, soit – et c’est encore pire – à une préparation insuffisante pour le combat idéologique. Certaines de ces lectures me furent utiles, bien sûr, mais davantage comme confirmation de mes analyses que comme sources d’inspiration.

Maintenant, si vous me demandez expressément de citer un titre provenant d’un adversaire politique, je m’y refuserai. Non pas qu’il n’y ait rien à en dire, mais je ne souhaite pas offrir une publicité gratuite à des ouvrages que je considère, par essence, comme néfastes.

En résumé, je lis très peu les ouvrages contemporains publiés par des acteurs de la droite au sens large du terme et régulièrement mes adversaires. Je me tourne prioritairement vers les grands textes classiques et des œuvres contemporaines présentant une véritable valeur ajoutée sur les plans philosophique, historique ou politique. 

Je m’efforce de transmettre à tous ceux qui suivent mes travaux une véritable exigence intellectuelle. Celle-ci se fonde sur les bases suivantes : ne jamais se satisfaire d’opinions faciles, mais toujours rechercher la vérité en adoptant constamment une rigueur intellectuelle et historique.

Pour finir, quel message souhaiteriez-vous transmettre à nos lecteurs ?

Je serai bref et extrêmement clair : la France ne gît pas encore dans le tombeau, nonobstant ce que certains adversaires, et hélas parfois même certains amis politiques, laissent entendre. Elle possède encore des ressources immenses - spirituelles, intellectuelles, humaines et culturelles - à condition que nous sachions les utiliser et les orienter vers le Bien Commun.

Ne perdons plus de temps avec les faux combats, les outrances verbales, les postures stériles, les postulats de façade ou les théories complotistes aussi simplistes que fallacieuses. Tout cela ne mène nulle part, nourrissant seulement le désespoir et la confusion.

Renouons avec notre noble tradition politique, intimement enracinée dans le catholicisme et la monarchie. Ces deux piliers fondateurs ont façonné, avec constance et profondeur, l’âme de la France au fil des siècles jusqu’à nos jours. Restons fidèles au Baptême de Clovis et au Sacre de Reims ! Restaurons l’alliance du trône et de l’autel  qui constitue le socle immémorial de notre identité et la promesse d’un renouveau civilisationnel…



Propos recueillis le 21 juin 2025


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