Suis-je maurrassien ?

Franck-Abed-Roi

C’est une question qui revient souvent chez ceux qui découvrent mes travaux. En parcourant mes articles, conférences et entretiens, la réponse semble évidente. Mais je profite de cette brève mise au point pour y répondre, une nouvelle fois, avec clarté comme toujours.

Je tiens tout d’abord à préciser que Charles Maurras possédait une plume remarquable et une acuité d’analyse indéniable, notamment lorsqu’il démontre l’impuissance structurelle de la démocratie républicaine à défendre durablement les intérêts de la France.

Son œuvre est dense, exigeante, et mérite d’être lue. Pour ceux qui souhaitent s’y plonger, je recommande Mes idées politiquesL’Avenir de l’intelligence et Enquête sur la monarchie. Ces ouvrages permettent de mesurer toute la finesse de sa pensée, même si je ne partage pas l’ensemble de ses conclusions.

C’est pourquoi je ne me définis ni comme nationaliste, ni comme maurrassien. Mon orientation intellectuelle se situe à la croisée de la théologie augustinienne et du traditionalisme contre-révolutionnaire porté par Joseph de Maistre.

Je n’ai jamais adhéré à son "empirisme organisateur", que je considère comme une reconstruction intellectuelle de l’histoire nationale, plus déductive que véritablement enracinée.

Une autre divergence majeure m’oppose également à lui : l’Union sacrée et le compromis nationaliste, que je considère, aujourd’hui encore, comme des erreurs à la fois stratégiques et intellectuelles.

J’avais d’ailleurs débattu de ce point, de manière courtoise et par écrit, avec un militant de l’Action française en 2010. Je suis tout à fait disposé à renouveler cet exercice de la confrontation intellectuelle si nécessaire, de préférence lors d'une joute oratoire.

Par ailleurs, je n’adhère pas à sa philosophie politique, héritée du positivisme d’Auguste Comte. Mon orientation est toute autre : réaliste et thomiste, fondée sur la défense de la loi naturelle. Enfin, son attachement indéfectible à la maison d’Orléans constitue pour moi une ligne de fracture profonde, nette, et irréconciliable.

En résumé, si je respecte l’intelligence de Maurras et la puissance de sa critique politique, je m’en distingue fondamentalement, sur le fond comme sur la forme. 

Mon engagement s’inscrit dans la pensée augustinienne, la défense de la loi naturelle et la promotion de la royauté de droit divin. Je refuse, de la même manière, le compromis nationaliste comme toute forme de compromission doctrinale.

Je demeure attaché à une vision intégrale du politique, enracinée dans la tradition catholique, fondée sur l’enseignement des Pères et des Docteurs de l’Église. Je ne suis ni nostalgique ni passéiste : je suis simplement fidèle aux principes de toujours ; ceux qui, parce qu’ils sont vrais, demeurent...


 

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