Jacques-Bénigne Bossuet, évêque, homme d’Église et écrivain du XVIIème siècle, est souvent convoqué dans les discussions et débats politiques à travers cette citation :
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » Cette pensée, largement diffusée et fréquemment attribuée à Bossuet, pose un problème majeur : il ne l’a jamais écrite sous cette forme. Il s’agit en réalité d’une paraphrase très approximative voire d’une déformation, d’un passage plus long et plus nuancé tiré de son ouvrage Histoire des variations des Églises protestantes, publié en 1688. Dans cet ouvrage magistral, Bossuet analysait avec une rigueur théologique et historique profonde les divisions qui affectaient le christianisme européen, notamment les mouvements protestants, qui avaient bouleversé l’ordre religieux et politique en semant le poison de la discorde. Je livre à votre sagacité la citation originale : « Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer ». L’évêque tournait ici en dérision un disciple de Martin Luther qui déplorait paradoxalement la violence entre protestants et catholiques au début du XVIème siècle, tout en soutenant activement la Réforme protestante, responsable de ces maux… Bossuet pointait du doigt avec talent l’incohérence de ce luthérien. La déformation populaire de cette citation tend malheureusement à en amoindrir la portée et la profondeur, en occultant le contexte critique et spirituel dans lequel elle s’inscrivait...
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