Petite critique sur le libéralisme

FRANCK ABED



Certains présentent souvent le libéralisme économique comme une solution miracle : moins d’État, plus de marché, libre concurrence…
Selon ses promoteurs, ce serait la voie idéale vers la prospérité
Mais une question s’impose : quels pays appliquent réellement ce modèle dans les faits ? Même le Royaume-Uni, berceau du libéralisme avec Locke, Smith, Hume, Mill, n’y croit pas totalement. Un exemple révélateur : en Premier League, il est interdit de racheter un club avec effet de levier - c’est-à-dire en s’endettant massivement pour financer l’achat, comme le font de nombreux fonds ailleurs, notamment en France … avec les résultats catastrophiques que l’on connaît : Lille, Lyon, Bordeaux, etc. Pourquoi une telle règle existe-t-elle outre-Manche ? Pour protéger l’écosystème du football anglais et éviter les dérives financières. Une mesure clairement anti-libérale, mais pleinement assumée. Et ce cas est loin d’être isolé. Le protectionnisme est omniprésent, y compris dans les économies présentées comme les plus libérales : subventions publiques, soutien à des secteurs stratégiques, barrières à l’importation, contrôle des investissements étrangers… Les États interviennent dès que leurs intérêts nationaux sont en jeu. Le discours libéral est souvent plus idéologique que réel. Sans oublier qu’il s’agit d’une philosophie de l’« Avoir » bien plus que de l’« Être ». Dans les faits, aucune grande puissance ne laisse le marché totalement libre. Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, le Japon… tous recourent à l’intervention de l’État, chacun à sa manière. Le capitalisme réel est hybride, encadré, stratégiquement protégé. Il est d’ailleurs piquant de voir certains libéraux convaincus - souvent professeurs, chercheurs ou hauts fonctionnaires - critiquer sans relâche l’État spoliateur, tout en percevant un salaire public garanti, avec la sécurité de l’emploi. Ils réclament un marché ouvert, sans filet… mais vivent derrière une porte blindée, un interphone, un portail fermé, voire une alarme.
L’État, c’est mal.  
Sauf quand il protège mon salaire, mon secteur, mon jardin et mon patrimoine… 

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