Questionnaire de Clausewitz par Franck ABED

 Tout le monde connaît le questionnaire par lequel Proust entendait sonder les âmes. 

Quand le futur écrivain y répondit, en 1890, il effectuait un volontariat d’un an au 76ème régiment d’infanterie à Orléans.


Cette histoire encouragea De la guerre et les Editions Perrin à créer un questionnaire de Clausewitz



Je trouve l’idée excellente et j’ai donc décidé d’y répondre. 


Cela permettra aux lecteurs de découvrir autrement mes idées politiques et mes inspirations intellectuelles.


La bataille du passé à laquelle vous auriez voulu participer ?

J’eus bien aimé participer au siège et à la prise de Jérusalem (7 juin - 15 juillet 1099) par les Croisés. La chevalerie, à l’époque, n’était pas un vain mot. J’aurais sûrement ressenti une joie immense en pénétrant dans la Ville Sainte pour délivrer le Saint-Sépulcre tombé aux mains des Infidèles. J’imagine volontiers ma prière à genoux dans ce lieu où Notre Seigneur fut déposé au soir de sa mort sur la Croix.

Le fait militaire que vous admirez le plus ?

J’admire depuis presque toujours la campagne d’Allemagne et d’Autriche de 1805 couronnée par les éclatantes victoires de Ulm et d’Austerlitz, la fameuse bataille des trois Empereurs. Il s’agit d’un véritable chef d’œuvre tactique et stratégique qui reste encore enseigné de nos jours dans les plus meilleures académies militaires. Napoléon se trouvait au sommet de son art et disposait d’un outil militaire, la Grande Armée, exceptionnel.

Le grand capitaine que vous admirez le plus ?

Je considère Napoléon comme le plus grand capitaine de tous les temps. Il suffit d’étudier, par exemple, la première Campagne d’Italie pour analyser et aimer l’art de la guerre napoléonien : vivacité, concentration des forces, opportunisme, volonté de toujours surprendre l’adversaire, attaque en position centrale, etc.


La qualité majeure d’un chef d’Etat en guerre ?

Il existe deux types de chef d’Etat en guerre, le chef d’Etat qui n’est pas militaire et celui qui l’est. Dans les deux situations, la qualité majeure à mes yeux reste la capacité du chef à ne jamais douter du bien fondé de son action, même au plus fort de la crise et des difficultés. L’autre point important, selon moi, demeure sa capacité à envisager le long terme. Pour être clair, il convient ne pas sacrifier ses chances dans le futur pour des objectifs immédiats…

La bataille la plus importante du XXème siècle ?

Il s’agit sans conteste de l’opération Barbarossa quand l’Allemagne nationale-socialiste envahit la Russie soviétique. C’est la plus grande invasion militaire de tous les temps. Les armées du Reich entrent en URSS avec 4 millions d’hommes et les Soviétiques leur opposent un peu plus de 3 millions de soldats. Pour comparaison, lors du débarquement du 6 juin 44 les forces Américaines et leurs alliés alignent 160 000 soldats face à 30 000 Allemands se trouvant sur les plages et 350 000 dispersés dans toute la Normandie. La bataille de la Marne oppose un peu moins de 2 millions de soldats français, anglais et allemands. N’oublions pas également la forte imprégnation idéologique qui préside lors de Barbarossa, dimension qui sera moins forte ou absente lors des grands conflits meurtriers de ce siècle. Une victoire nationale-socialiste en 1941 contre la Russie de Staline aurait profondément modifié le cours de la Deuxième guerre mondiale.


Le moment le plus glorieux de l’histoire de France ?

Je dirai sans aucune hésitation, la France de Louis XIV et cet exceptionnel Grand Siècle. La civilisation française atteint à cette époque un degré de perfection, dans de nombreux domaines, jamais inégalé à ce jour. Je reste constamment admiratif devant les réalisations de Colbert, Mansart, Le Nôtre, Racine, Boileau, La Fontaine, etc.


Le principal obstacle à l’entente entre deux nations ?

Je citerai la Bible : « L’envie est la pourriture des os. » (Proverbes 14 : 30)

La vanité et la volonté de puissance au service d’intérêts bassement matériels peuvent conduire les peuples à la ruine. Un chef d’État doit impérativement servir le Bien Commun, le Beau, le Vrai, sinon il se détourne de sa mission essentielle. Dans ce cas précis, le malheur tombe sur ceux qu’il dirige.

Une chance que la France n’aurait pas dû laisser passer ?

Les Rois Très Chrétiens des Temps Féodaux auraient dû mettre toute leur énergie pour conquérir le Tombeau du Christ retombé aux mains des infidèles. Ce combat était bien plus important que de conquérir des parcelles de territoire en Europe. Parcelles qui seraient inévitablement tombées dans l’escarcelle capétienne suite au prestige acquis en libérant la Terre Sainte du joug islamiste.


Un pan de son passé que la France doit regretter ?

Les Français doivent mieux connaître leur Histoire. Ils comprendraient aisément le bonheur et l’honneur d’être de France. De même, ils saisiraient rapidement la catastrophe que représente la Révolution dans notre pays - avec la mort du Roi, qui est à la fois un parricide et un régicide. Je pourrai même dire qu’il s’agit d’un déicide. En effet, le 21 janvier 1793 ce n’est pas seulement le Roi que les révolutionnaires assassinèrent mais également le tenant lieu de Dieu sur terre. Nous devons impérativement expier ce crime terrible en tant que nation chrétienne. Je rappelle que le Roi de France est le Fils aîné de l’Église…

Un aspect de son histoire que la France devrait exalter ?

Les François doivent être fiers de toute leur histoire. Celle-ci comporte de nombreux faits glorieux, exaltants, enthousiasmants et d’autres plus sombres voire tristes. L’histoire de France est riche et aussi très diverse. Chacun pourra trouver dans notre passé des sources d’émerveillement, de joie, de fierté et d’inspiration. La pseudo-culture dite de l’effacement et de la repentance doivent être férocement combattues. Il s’agit réellement d’armes de destruction massive contre ce que nous sommes. Aimons l’histoire de France et faisons-là aimer.

L’homme/la femme qui manque le plus à la France ?

Il est certain que je serai très heureux de revoir dans notre cher pays Sainte Geneviève, Blanche de Castille ou Jeanne d’Arc. Quant aux hommes illustres qui surent redresser le pays en période de crises profondes, notre histoire en regorge. Il est clair que Charlemagne, Philippe Auguste, Saint Louis, Charles V, Louis XIII, Louis XIV et Napoléon doivent être des modèles et des guides. Nous leur devons tellement.


La puissance dominante la plus attrayante dans l’histoire ?

Je cite immédiatement et sans la moindre hésitation l’Empire romain. J’ai toujours été fasciné par cette œuvre politique et civilisationnelle qui fut littéralement extraordinaire. Les Romains ont réussi la prouesse de contrôler et d’imposer leur modèle sur un territoire immense habité par des peuples aussi nombreux et variés, sans disposer des moyens de communication modernes. Ils restent un des phares de l’Europe, nonobstant les siècles qui passent. Il suffit de se promener dans Rome, autour du Colisée par exemple, pour se rendre compte que nous sommes peu de choses.

Ce qui pourrait vous attirer dans la condition militaire ?

L’armée française doit principalement travailler à la défense de la France, des Français et des intérêts supérieurs de notre pays. Quand un gouvernement affaiblit l’armée, il commet un acte de haute trahison.

Ce qui vous éloignerait de la condition militaire ?

Je n’aurais pas aimé être militaire dans une armée à la remorque des USA, de l’OTAN ou même de l’Union Européenne. M’engager dans des conflits qui ne concernent ni la France, ni l’Eglise ne m’auraient franchement pas intéressé. En définitive, j’aurais été plus que dégoûté de la condition militaire dans le cadre où elle s’inscrit présentement.

L’Arme dans laquelle vous auriez aimé servir ?

A dire vrai, je les trouve toutes intéressantes et utiles. Dans une autre vie, dans une autre époque, je me serai bien vu dans la Royale, la cavalerie et même l’infanterie…

Le danger principal qui menace le monde ?

La folie de certains dirigeants qui se prennent pour Dieu alors qu’en réalité, ils servent objectivement le Prince de ce monde. Leur folie n’a pas de limite. Il faut les arrêter avant qu’ils ne plongent notre pays et le monde dans un chaos indescriptible.

Une raison d’être optimiste pour la paix ?

Il y a toujours une justice qui s’exerce ici bas, quoiqu’en pensent certains. L’Histoire nous rappelle constamment que les buveurs de sang finissent par s’étouffer du sang de leurs victimes. Il faut donc, même si c’est à temps et à contre-temps, travailler pour le Bien, car il parvient toujours à triompher, notamment quand nous ne nous y attendons plus.

Le tyran que vous auriez aimé liquider ?

Je ne suis pas un justicier et n’ai pas la prétention de l’être. Pour le XXème siècle, Staline et Mao sont les deux assassins qui comptent le plus d’innocentes victimes à leur actif. J’eus aimé qu’ils vécussent moins longtemps… Moins de meurtres en leur nom auraient été accomplis.


Admirez-vous Napoléon ?

Oui, bien évidemment que je l’admire ! C’est un génie français et universel. Sa vie, sa réussite, ses échecs parlent aux hommes et aux femmes de toutes les races et de toutes les religions. Il reste pour mon cœur et mon intelligence une source d’inspiration et de motivation. Vive l’Empereur !


Propos recueillis le 25 septembre 2022

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